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Comment accompagner le changement autrement, dans des contextes complexes où les solutions toutes faites échouent ? Agnès Calendray témoigne de sa transformation après avoir suivi la formation « Accompagner au changement par l’approche systémique ». Une bascule de posture puissante : quitter celle de l’experte pour adopter celle de la stratège, capable d’ouvrir des espaces de réflexion, de coopération… et d’action. Grâce à cette approche, elle décrypte les logiques invisibles des blocages organisationnels et redonne aux équipes les moyens d’agir là où tout semblait figé.
Lors de cette formation j’ai tout d’abord appris à quitter la posture de « sachante » ou d’experte pour adopter une posture bien plus féconde : celle de l’ouverture, du questionnement, du non-jugement.
L’approche systémique m’a invitée à partir du postulat que tout ce que je sais c’est que je ne sais rien. Je ne peux pas poser un diagnostic pertinent sans avoir pris le temps de comprendre et rejoindre la logique de fonctionnement des acteurs du système. J’ai d’autre part intégré cette idée qu’il n’y a pas une seule réalité mais des réalités multiples, construites par chacun à travers ses perceptions, ses expériences et ses interactions. C’est en maniant le questionnement stratégique qu’on peut faire évoluer ces perceptions et sortir de la confrontation pour créer des espaces partagés, propices à la dynamique d’équipe et à la conduite du changement.
Cette posture, bien plus exigeante qu’il n’y paraît, change totalement la façon d’accompagner les organisations. Elle permet d’agir sans imposer et d’influencer sans prendre le pouvoir sur l’autre.
J’interviens régulièrement dans des contextes de transformation et de conduite du changement souvent générateurs de dysfonctionnements.
J’observe souvent des résistances, des blocages dans les décisions, des équipes qui s’essoufflent ou des collectifs qui dysfonctionnent… sans que l’organisation puisse identifier précisément ce qui est au cœur du problème. Les symptômes visibles d’un dysfonctionnement – tensions, blocages, démobilisation – ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Si on les confond avec le fonctionnement réel du problème, on risque d’intervenir à côté, voire de renforcer ce qu’on voulait résoudre. C’est en allant voir ce qui se joue en profondeur dans les interactions que l’intervention devient réellement efficace.
Alors que la tendance naturelle serait de comprendre le pourquoi d’une telle situation, identifier qui est en cause ou responsable des blocages, l’approche systémique stratégique propose un changement de posture radical. Parce qu’elle s’appuie sur une lecture circulaire, et non linéaire, des problèmes, elle me permet de comprendre comment chaque acteur du système, souvent de bonne foi, avec les meilleures intentions, met en place des actions ou des réactions qui, involontairement, participent au maintien – voire à l’aggravation – des dysfonctionnement.
L’intérêt de cette approche, c’est qu’elle permet de mettre à jour des logiques d’action implicites, de les rendre visibles, de les nommer, et ainsi de créer les conditions d’un repositionnement pour chacun des acteurs. Elle aide à décoder des situations complexes de manière beaucoup plus pertinente, et surtout, de proposer des interventions ciblées, respectueuses et responsabilisantes pour les parties prenantes.
On ne vient pas imposer un changement de posture ou un nouveau process. On vient aider à décrypter le fonctionnement d’un problème, d’un blocage, pour que chacun puisse retrouver de la lisibilité et de la marge de manœuvre, en expérimentant de nouvelles façons d’appréhender et d’agir.
L’approche systémique stratégique est aujourd’hui un levier précieux : elle permet d’accompagner les transformations sans les brusquer, de comprendre les tensions sans les juger, et surtout, de remettre du mouvement et du sens là où tout semblait figé. Et c’est, à mon sens, ce qui la rend si puissante dans des contextes de transformation.
Ce que l’on me renvoie le plus souvent, c’est le sentiment d’entrevoir un nouveau champ des possibles, de nouvelles options face à des situations complexes perçues comme des impasses.
L’approche systémique est vue comme plus juste, plus pertinente, parce qu’elle ne cherche ni des responsables, ni des solutions toutes faites. Elle permet de mettre à jour les logiques invisibles qui entretiennent les blocages, de poser un autre regard sur ce qui dysfonctionne, et de trouver des points d’action là où tout semblait figé.
Beaucoup me disent qu’ils ont pu intégrer que ce qu’ils faisaient pour essayer d’arranger les choses… en réalité, les aggravait. Ce simple pas de côté change tout : il offre une prise de recul, plus de lucidité et surtout, permet de retrouver de la marge de manœuvre. Très concrètement, on observe des relations apaisées, un meilleur niveau de coopération, une capacité accrue à se responsabiliser et souvent, une meilleure adhésion aux décisions de la part du collectif.
Ce qu’ils retiennent, ce n’est pas qu’on leur a “apporté la solution”, mais qu’ils sont sortis de leurs impasses par eux-mêmes. Et ça, dans une organisation, c’est durable.